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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/754

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main : Amy ! luy dit-il, tu as faict ce que je desirois. Voylà ! je m’en vay t’attendre aupres d’Eu­doxe, bien-heureux de ne te pas survivre, puis que tu voulois mourir. Et presque en mesme temps se laissant couler en terre, il s’esvanouit sur le sein de son amy. Ursace, pressé de la crainte d’une telle perte, laissa l’opinion qu’il avoit de se tuer pour, le secourir, et courant à une fontaine qui estoit prés de là, en apporta de l’eau sur son chapeau pour luy jetter au visage.

Cependant, parce que je cogneus bien que le mal procedoit de la perte qu’il faisoit de son sang, je luy liay la playe avec un mouchoir, y mettant un peu de mousse, ne pouvant prompte­ment y trouver autre remede. Et je’n’avois encor achevé qu’Ursace revint, qui arrousant le visage de son amy d’eau froide, et l’appellant à haute voix par son nota, le fit en fin revenir. A l’ouverture de ses yeux : Helas ! dit-il, amy, pourquoy me rappelles-tu ? Laisse partir mon ame bien contente, et permets qu’elle t’at­tende où tu veux aller, et aye ceste creance d’elle, je te supplie, qu’elle ne pouvoit clorre ses jours plus heureusement que par ta main et en te faisant service. – Olimbre, dit Ursace, s’il faut que tu partes pour venir avec moy, il faut que je sois le premier ; et pour ce, ne pense point que mon amitié permette que le passage soit ouvert