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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/757

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de voir les effects de la bonté entre les hommes. A ce mot, Ursace s’appro­chant de son amy, le pria de s’appuyer sur luy. De ceste sorte nous arrivasmes à la prochaine bourgade, où de fortune nous trouvasmes un mire qu’ils nomment chirurgien, qui pensa la main d’Olimbre ; et parce qu’il n’y avoit rien de dangereux que la perte du sang, il luy ordonna de tenir le lict pour quelque temps.

Quant à moy, je me retiray en un autre logis, estant bien ayse de leur avoir rendu ce bon office, encores que cela fut cause que mon dessein demeura imparfaict, car le jour estoit tant advancé, qu’il n’y avoit pas du temps pour aller voir ces montagnes bruslantes. Ursace fut bien empesché quand il me vid partir, parce qu’il me vouloit accompagner ; et toutesfois son amitié luy deffendoit d’esloigner son amy en cest estat. Je recognus aysément sa peine, et pour l’en oster, je luy dis qu’il devoit demeurer aupres de son amy, et que Dieu luy sçauroit gré de l’assistance qu’il luy rendroit. Si je ne l’en eusse empesché, je croy qu’il se fust jette à mes pieds pour remerciement; mais ne voulant le souffrir, je le luy deffendis, et incontinent je me retiray en un autre logis. Mais Ursace m’ayant suivy de loing, remarqua le lieu où j’estois entré, et ayant sceu que j’avois demandé à loger, s’en retourna vers son amy pour