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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/768

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tout, elle fit cette belle invention dont vous avez ouy parler, mais cela est aussi peu vray que la plus grande fausseté qui fut jamais.

A ce mot, elle prit l’autre lettre qui s’addressoit à elle, que vous pourrez lire, dict Silvie, la presentant à Leonide, qui la prenant trouva qu’elle estoit telle.

Lettre de Lindamor à Galathée

Puisque ce malheureux esloignement, outre l’honneur de vostre presence, me ravit celuy de vos bonnes graces, je proteste que je ne veux plus vivre que pour vous rendre preuve que je merite mieux ce que vous m’avez promis, que le perfide qui est cause de ma disgrace, que s’il faloit obtenir le bien que je regrette, par amour, ou par armes et non par artifice, ne croyez point que ce meschant osast y aspirer, tant que je serois en vie. Il advouera bien tost ce que je dis, ou l’espée qu’il a desjà ressentie, luy ostera à ce coup la vie, que je ne luy laissay que trop malheureusement pour ce miserable et infortuné Lindamor.

Quand Leonide eut leu ceste lettre : Je m’asseure, dict-elle, ma sœur, que Galathée a bien recognu que son tant aymé Celadon n’estoit point en danger de perdre la vie par mon moyen, et que c’est plustost ce traistre