Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/769

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Polemas qui est cause de toute nostre peine. Et je prie Hesus qu’il le punisse par les armes, ou Tharamis par le foudre, et qu’en fin par la grace de Teutates, madame cognoisse que je n’ay point menty quand je luy ay raconté la meschanceté de Climanthe, et de ce cauteleux amant ; car tout ce que je luy en ay dit, est aussi veritable que je desire le guy de l’an neuf m’estre salutaire, et si je ments, que je ne puisse jamais assister au sacrifice du pain et du vin, ny baiser la serpe d’or dont le guy ceste année sera abatu. Bref, ma sœur, je le vous jure par tous les serments qui nous sont plus saincts et sacrez ; et quoy que je ne me soucie guiere de retourner à Marcilly, tant qu’elle sera de ceste humeur, si serois-je bien aise qu’à toutes les occasions qui se presenteront, vous fissiez tout ce qui se peut pour l’oster de l’erreur où elle est, non point pour autre subjet que pour ne luy laisser une si mauvaise impression de moy, qui ne veux pas à la verité vivre, ny en druide, ny en vestale, mais ouy bien en fille de ma condition, et sans reproche. – Ma sœur, respondit Silvie, il ne faut point que vous m’asseuriez avec plus de ser­ments de la finesse de Polemas. Je l’ay creue, dés la premiere fois que vous m’en parlastes, tant pour vous croire veritable, que pour ne douter point de l’esprit de Polemas, ny de sa volonté, par la cognoissance des choses qu’il avoit desja