Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/770

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

faites pour ce subjet. Et devez croire qu’à toutes les occasions qui se presen­teront, je ne failliray point de persuader la verité à la nymphe, comme jusques icy je n’en ay laissé passer une seule, sans m’y estre essayée. Mais il ne faut point que je vous flatte en cela : je n’espere pas que mes paroles ny mes persuasions y puissent beaucoup faire, jusques à ce que son esprit n’y soit préparé d’autre sorte, ce qui peut-estre adviendra trop tard, si Dieu ne nous envoyé quelque moyen inesperé. Car je vois bien que Polemas a un mauvais dessein, et qu’il ne le couvre que pour la crainte qu’il a de Clidaman et de Lindamor, qu’il sçait estre armez, et tant aymez du roy Childeric, qui ayant succedé à ce grand Merouée, a pris une si particuliere amitié à Clidaman, à Lindamor, mais plus encor à Guyemants, qu’il ne peut estre sans eux. Et. Polemas qui est fin et rusé, craint que s’il entreprend quelque nouveauté, ce Franc ne les assiste, et par sa force ne ruine tous ses desseins.

Mais pour laisser ces affaires d’Estat, qui doivent estre demeslées par de plus capables personnes que nous, je vous diray, ma sœur, que quand Galathée eut leu ce que Lindamor luy escrivoit, elle fut si aise de voir que Celadon ne courait point de for­tune, que la moitié de sa cholere fut passée. – Et bien, luy dis-je, madame, n’ay-je pas deviné que Lindamor voûtait parler de Polemas ? –