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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/771

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Vous avez raison, me dit-elle, et j’advoue que j’ay à ce coup accusé à tort Leonide, mais la compassion que j’avois de ce pauvre berger, qui à la verité ne peut mais de tout cecy, me faisoit tenir ce langage. – Madame, continuay-je, faites moy l’honneur de croire que Leonide ne vous rendra jamais du des­plaisir à son escient, et que cognoissant bien que vous n’aimez nullement Polemas, elle a quelque raison de desirer que Linda­mor parvienne à l’honneur qu’il recherche en vos bonnes graces, pour le parentage qui est entre elle et luy. Car vous sçavez, madame, que Lindamor est de cest illustre sang de Lavieu, et elle de celuy de Feurs, qui de si long temps ont eu tant d’al­liances ensemble, qu’il semble que ces deux races ne sont qu’une. Et au contraire il y a tousjours eu tant d’inimitié entre celle de Surieu, et celles-cy, que si elle tasche d’esloigner Polemas du bien qu’il pretend, vous devez l’en excuser, puis qu’elle y a un si grand interest. – Je sçavois bien, respondit Galathée, qu’il y avoit eu de grandes inimitiez entre ceux de Lavieu, et de Surieu, et depuis le combat de Lindamor et de Polemas, qu’il n’y avoit eu guere d’amitié entre eux, quoy que Polemas n’en ait rien sceu que par soupçon. Mais je ne sçavois point le sujet que Leonide avoit de favoriser Lindamor, et j’advoue qu’elle a raison, d’autant que chacun doit desirer que le lieu dont il tire son