Aller au contenu

Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/772

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

origine soit le plus illustre qu’il se peut. Et si je l’eusse sceu plustost, je n’eusse pas trouvé si mauvais la protection qu’elle a tousjours prise de Lindamor, soit contre celuy dont nous parlons, soit contre Celadon, qui à la verité a esté tant opiniastre quelquefois que j’ay eu sujet de croire qu’il y avoit de l’amour et non pas de la haine. Mais maintenant que je considere ce que vous, dites, je veux croire qu’Adamas a fait eschapper Celadon, afin que Lindamor, qui est son parent comme vous dictes, par ce parvint à ce qu’il desire, et je pense bien que Leonide n’y a pas nuy pour ce mesme subject. Toutesfois je le luy pardonne pour ceste consideration, et mesme n’ayant rien mandé à Lindamor de tout ce qui s’est passé en mon palais d’Isoure. Et faut que nous fassions, continua-t’elle, une contreruze par son moyen et sans qu’elle s’en doute.

A ce-mot, Silvie se teust, et laissant son premier discours, peu apres reprist de cete sorte : Voyez-vous, ma sœur, je ne vous cache rien, parce que nostre amitié me le commande ainsi, mais si vous me descouvriez, je serois ruinée ; c’est pourquoy je vous supplie de n’en faire jamais semblant. – J’aymerois mieux, respondit Leonide, ne parler jamais que si j’avois fait cette faute – Sçachez donc, continua Silvie, que Galathée, apres avoir quelque temps pensé en elle-mesme, me dit en fin : Voyez-vous, Silvie, je suis infiniment empeschée de ces deux hommes, je veux dire de Lindamor et de Polemas, et faut que je vous advoue que celuy