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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/774

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mais au contraire pour y pour­voir. Je respondis donc à la nymphe, qu’avant que de faire des­sein sur ce qu’elle disoit, il falloit sçavoir de Fleurial en quel temps Lindamor luy avoit dict qu’il viendroit. Ce qu’elle trouva à propos et me commanda de l’appeller, ce que je fis. Mais avant que de le faire parler à elle, je luy dis qu’il se gardast bien de dire à Galathée le temps que Lindamor devoit venir, ny le lieu où il se devoit trouver, et que si elle le luy demandoit, il dict qu’il reviendroit beaucoup plus tard qu’il ne vous mandoit. Encor qu’il soit d’assez peu d’esprit, si est-ce qu’il creut ce que je luy en dis, et lors qu’il fut devant elle, il mentoit si asseurément que Galathée le creut.

Et parce qu’elle a trouvé à propos que je sois venue vers vous pour commencer de vous convier d’escrire à Lindamor, ou pour le moins de luy faire sçavoir ce que Polemas a fait contre luy, j’ay pensé qu’il estoit bon d’amener Fleurial pour vous dire plus au long ce que Lindamor vous mande, et qu’il ne m’a point voulu dire, mais il craint que vous soyez en colere contre luy, pour la faute qu’il a faite de donner ses lettres à Galathée, et de luy avoir dit le subjet de son voyage, si bien qu’il ne s’ose pre­senter devant vous. Il me semble qu’encor qu’il ait failly, il ne le faut pas toutesfois rudoyer, de sorte qu’il perde la volonté de parachever; car devant qu’un autre en sceust autant que luy,