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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/775

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nous perdrions beaucoup de temps, et à l’aventure ne feroit-il pas mieux. – Vous avez raison, respondit Leonide, et peut-estre n’a-t’il pas fait tant de mal qu’il semble, puis que Galathée a leu la lettre de Lindamor, que sans doute elle eust faict diffi­culté de voir, et que j’eusse esté bien empeschée de luy presenter, pour estre bannie de sa presence comme je suis. Vous le devez donc asseurer que je n’en suis point marrie, qu’au con­traire il a fort bien fait, mais qu’il n’y retourne plus, car peut-estre une autre fois, il ne seroit pas à propos. Silvie sortant de la salle, fit appeller Fleurial, auquel elle fit entendre tout ce que vous avez sceu, et puis le conduit vers Leonide, qui luy fit un fort bon visage, et l’asseura de ce que sa compagne luy avoit dict, et luy demandant particulierement le succez de son voyage, il commença de ceste sorte.

J’ay eu crainte d’avoir failly, madame, ainsi que vous a peu dire Silvie, que j’avois suppliée de vous faire mes excuses, comme celle qui a veu en quelle sorte le tout s’est passé ; mais puis que, Dieu mercy, il est advenu autrement, j’en suis tres-aise et m’en resjouys comme du plus grand bien qui me puisse arriver, ayant voué tant de services à Lindamor que s’il reconnoit en moy quelque faute d’esprit, je sçay bien pour le moins qu’il n’en trouvera jamais de fidelité ny d’affection. Cela fut cause qu’aussi tost que vous me commandastes de l’aller trouver, je le fis avec