Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/777

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Si autrefois vous avez deu esperer en moy, je vous dis mainte­nant que vous devez remettre toute vostre esperance en vous-mesme, non pas que j’aye diminué de bonne volonté envers vous, mais parce que les artifices de Polemas ont esté tels qu’ils m’ont osté tout pouvoir de vous servir. Vos affaires sont en si mauvais terme, qu’il n’y a point d’apparence de salut si vous ne revenez promptement. Je ne puis vous en dire d’avantage que ce ne soit de bouche, n’estant pas à propos qu’autre que vous entende ce à quoy tout seul vous pouvez remedier.

– Vous luy donniez, dit Silvie, l’alarme bien chaude, et ne m’estonne plus qu’il ait changé de couleur, car ceste nouvelle estoit bien assez fascheuse pour luy causer de semblables effects. – Que pouvois-je, dit Leonide, luy escrire moins ? n’estoit-il pas vray ? Quant à moy, je ne sceus jamais mentir, mais moins à mes amis, et à ceux qui se fient en moy qu’à tous les autres. – Vos paroles, reprit alors Fleurial, ne demeurerent pas sans effect. De fortune il n’y avoit personne aupres de luy, comme je vous ay dit, sinon un jeune