Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/783

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pour ce coup, car ils sont infiniment empeschez, à cause qu’il n’y a plus qu’une lune ou environ, d’icy au jour que l’assemblée des druides se fait à Dreux, et je croy que pour ceste année mon oncle s’en veut exempter à cause de sa fille, qu’il seroit contrainct de rame­ner, de la presence de laquelle il veut jouir le plus long temps qu’il luy sera possible. Toutesfois, si vous voulez, je ne laisseray pas de les en faire advertir, car je sçay qu’ils auront un tres-grand plaisir de vous voir. – II ne le faut pas, dit Silvie, je suis bien aise qu’Adamas se resolve de demeurer ceste année, car sa presence nous sera peut-estre plus necessaire que nous ne pensons. Il ne faut point les destourner, et me suffit de sçavoir qu’ils se portent bien.

Et apres quelques autres discours, Silvie print congé, et se Tetira à Marcilly, où Galathée l’attendoit en bonne devotion, pour le desir qu’elle avoit d’entendre les discours que Leonide et elle avoient tenus, et.sur tout pour apprendre des nouvelles de Celadon, s’asseurant bien que Leonide en auroit. Mais quand elle sceut que le berger n’estoit point en son hameau, et que per­sonne ne sçavoit où il estoit, elle demeura fort empeschée, ne sçachant de quoy accuser Leonide, car elle pensoit bien que si le berger se fust sauvé par son advis, elle n’eust pas permis qu’il fust sorty hors de la contrée.

Et apres avoir quelque temps songé en elle-mesme, elle dit : Peut-estre en fin sera-t’il