Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/784

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vray que Leonide n’est point coulpable du despart de Celadon, puis qu’il s’en est allé de ceste sorte. – Je croy veritablement, respondit Silvie, qu’elle n’a jamais pensé à le faire sortir du palais d’Isoure, et selon que je luy en ay ouy parler, je respondrois en cela presque autant pour elle que pour moy. – Mais si ce n’est point elle, reprit Galathée, pourquoy n’a-t’elle pas voulu revenir quand vous le luy avez mandé de ma part ? – Madame, dit Silvie, me permettrez-vous de vous dire franchement la responce qu’elle m’a faicte ? – Je ne le vous permets pas seulement, adjousta la nymphe, mais je le vous commande. – Sçachez donc, madame, continua Silvie, qu’apres avoir veu ma lettre, elle me respondit : qu’elle recognoissoit bien l’honneur que ce luy estoit de vous faire service, et plus encores d’estre prés de vostre personne, n’ignorant pas que nous sommes toutes obligées par la nature et par vos merites, à vous donner, et nostre peine, et nostre vie. Mais quand elle considerait les estranges opinions que vous aviez conceues contre elle, et le mauvais traittement que pour ces opinions elle avoit recela de vous, elle aymoit mieux s’esloigner de vostre presence, que d’estre en danger de recevoir, encores un mauvais visage, et un congé avec si peu de subject. Qu’en ceste resolution elle se forçoit infiniment, et .l’inclination qu’elle avoit d’estre tousjours aupres de vostre personne, mais qu’elle