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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/8

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on se rira plutost de ta peine qu’on ne voudra imiter ta fidelité.

Ne dis-tu pas, que ton amour ne peust jamais estre sans le respect et sans l’obéissance ? Que la fortune te peut bien priver de tout contentement, mais non pas te faire commettre chose qui contrevienne à la volonté de celle que tu aymes ou au devoir de celuy qui veut se dire amant sans reproche ? Que les peines et les tourments que tu souffres ne sont que des témoignages glorieux de ton amour parfaite ? Qu’au milieu des plus cruels supplices tu jouys d’un bien extréme, sçachant que tu fais ce que doit faire un vray amant ? Et bref, que la vie sans la fidelité ne te peut estre qu’odieuse, au lieu que ta fidelité sans la vie t’est de sorte agreable que tu es marry de n’estre des-jà mort, pour laisser à la posterité un honorable exemple de constance et d’amour ?

Ah ! Berger, que l'aage où nous sommes est bien contraire à ton opinion ! Car on dit maintenant qu’aymer comme toy, c’est aymer à la vieille Gauloise, et