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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/801

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de ceux qui attouchoient de quelque parentage à cette fille, pour l’esperance du support qu’ils esperoient de ce riche pasteur. Jusques à ce point Calidon obéit à vostre ordonnance, mais quand il vint à penser que cette nuit Celidée seroit entre les bras d’autre que de luy, il perdit toute resolution, et rendit bien tesmoignage par cette action, que quand les yeux voient ce qu’ils n’ont jamais veu, le cœur pense ce qu’il n’a jamais pensé ; car s’estant aupraavant figuré d’estre résolu à cette perte, quand il vit qu’il n’y avoit plus qu’une heure d’intervalle entre son esperance, et l’entière perte de son esperance, il perdit, toute resolution, oublia tout devoir, et mesprisa toute consideration. Il estoit retiré à un des coins de la chambre, où cette pensée le faisoit mourir de regret, cependant que chascun dansoit. Thamire qui l’aimoit comme si c’eust esté son enfant, se douta bien d’où procedoit cette tristesse, et ayant pitié de son mal, s’approcha doucement de luy, qui ravy en son desplaisir proferoit à voix basse telles parolles, sans appercevoir son oncle.

Madrigal


Que je vive et qu’on la possede,
N’est-ce point d’amour un deffaut,
Puis que pour bien aymer il faut,
Qu’on meure plustost que l’on cede ?