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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/803

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Mais pleut à Dieu que sans offencer Teutates, ny vous, je puisse aussi bien mettre fin à mes jours, que cette nuit me ravira tout espoir de contentement. – Et qu’est-ce que vous voulez dire ? respondit la bergere, feignant de ne l’entendre pas. – Je veux dire, répliqua-t’il, que si je ne craignois d’offencer Teutates, en me faisant mourir sans son commandement, et vous, en vous faisant perdre un serviteur, cette main me raviroit la vie avant qu’en cette malheureuse nuict Thamire possedast en vous ce que mon affection seule pourroit meriter. Celidée, faisant semblant de ne penser plus en ces choses : J’avois opinion, dit-elle, que vous eussiez oublié toutes ces folies, et en est-il encores memoire ? – Comment ? reprit Calidon avec un grand souspir, que Calidon oublie jamais Celidée ? Et n’avez-vous point de peur que Tharamis vous chastie pour l’offence que vous faites à mon amour ? – Vous en devriez bien avoir d’avantage de Teutates, respondit-elle, que vous appellastes, quand vous promites à Leonide d’observer ce qu’elle ordonneroit. Et avez-vous desjà mis en oubly le jugement qu’elle fit. Ou pensez-vous que les dieux l’ayent oublié ? Ou comment esperez-vous que le gui de l’an neuf vous puisse estre profitable, puis que c’est par luy que vous jurastes ? Pour le moins je vous conseille de ne chercher jamais l’œuf salutaire des serpents, car vous courez