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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/807

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donner davantage, comme je vous diray. Calidon, au sortir de la chambre, s’en alla hors du logis, et de fortune se coucha soubs des grandes ormes qui estoient le long du chemin aupres de la maison, où apres avoir consideré quel heur estoit celuy de Thamire, et au contraire, combien sa fortune depuis peu de temps s’estoit changée, il prit si grand serrement de cœur, que peu à peu l’ennuy lui ravissant la force, il demeura esvanouy, et si longuement que Cleontine et sa trouppe sortant du logis de Thamire, le trouverent estendu, comme s’il s’y fut endormy. Mais l’ayant voulu esveiller, et voyant qu’il ne se remuoit point, Cleontine mesme le prit par une main, et d’autant que tout la chaleur avoit delaissé les extremitez du corps pour se retirer autour du cœur, elle le trouva si froid, que toute surprise de frayeur, elle s’escria : O Dieu ! Calidon est mort !

Quelques-unes de ses parentes qui ouyrent ceste voix, y accoururent, et le voyant en cest estat, esleverent de si grands cris qu’elles y firent accourir tout le voisinage. Et parce qu’il estoit infiniment aimé, et que cest accident estoit tant inesperé, plusieurs retournerent dans le logis de Thamire, où criant à haut de teste que Calidon estoit mort, Thamire en ouyt le bruit, et n’oyant que le nom de Calidon et de mort, se doutant de quelque sinistre accident, saute hors du lict en terre, court à la porte, et appelle quelque’un de la maison, et en fin