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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/830

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en moy-mesme cest accident, l’on me rapporta et mon mary et mon nepveu sur des eschelles comme morts. J’advoue que quand je les vis, et que quand je sceus comme le tout estoit advenu, je demeuray tant hors de moy, que si peu apres il ne fussent revenus, je ne sçay à quoy je me fusse resolue. Mais considerant ce qui s’estoit passé, et oyant les paroles qu’ils tenoient entre eux, j’eslevay ma pensée à Tharamis, et le suppliay de me vouloir conseiller ce que je devois faire, pour nous mettre en repos. Il m’inspira sans doute, et me fit secrettement entendre par quel moyen je le pourrois. Et ce fut en ce mesme temps que je vous le promis à tous deux, et que depuis j’ay dislayé, par ce que veritablement j’ay trouvé beaucoup de difficulté à l’execution de ce conseil, et a fallu que je me sois faict une grande force avant que d’y pouvoir consentir.

Voicy donc, ô bergers, quelle fut ceste saincte inspiration. Considere, me dit le dieu, la violente affection de Calidon, et sois certaine que jamais il ne cessera de t’aymer, que tu ne cesses d’estre belle. Il ne faut que tu esperes que la religion des dieux, ny le devoir des hommes l’en retire jamais. Il ne faut non plus que tu penses que Thamire, quoy qu’il soit ton mary, et qu’il t’aime plus que sa vie, puisse jamais estre content, tan que son nepveu sera tourmenté de ceste sorte. Quant à toy, quelle vie esperes-tu de pouvoir mener, tant que tu seras cause