de la peine de l’oncle et du nepveu ? De te donner à Calidon, ta volonté n’y peut consentir : outre que tu es tellement à Thamire, que rien ne t’en peut retirer que la mort. D’estre aussi à Thamire, la passion de Calidon ne le peut souffrir, ny le bon naturel de Thamire, endurer le continuel desplaisir de son nepveu. Que faut-il donc, Celidée, que tu fasses ? Prive-toy par une belle resolution de ce qui est le germe de ceste dissention ; mais que peux-tu penser que ce soit autre chose que la beauté de ton visage ? – Il est vray, respondis-je, mais perdant ceste beauté, je perds aussi bien l’amour de Thamire que celle de Calidon, et si cela est, j’ayme beaucoup mieux la mort. – Tu te trompes, me respondit-il, l’affection de ces deux bergers est bien differente. Thamire ayme Celidée, et Calidon adore la beauté de Celidée. Que si ce que tu crains estoit vray, il vaudroit mieux que tu mourusses à l’heure que tu parles, que de vivre plus longuement et estre asseurée que quand l’âge te rendra laide, Thamire cessera de t’aymer. Mais cela n’est pas, d’autant que ce berger ayme Celidée, et quelle que Celidée devienne, jamais son amitié ne se perdra.
Voylà, bergers, quelle fut la secrette inspiration que ce dieu me donna, à laquelle ne voulant contrevenir, je cherchay les moyens d’y satisfaire. Et