Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/857

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Et vous, luy dict-elle, mon serviteur, prenez bien garde que les paroles de ce berger ne vous estonnent, car vous vous offenceriez trop, et l’outrage que vous me feriez ne seroit pas moindre ; puis que c’est honte d’entreprendre et se retirer d’une entreprinse imparfaicte, et ce seroit une preuve trop evidente de mon peu de merite, si vous me quittiez si promptement. – Mais, Hylas, interrompit Silvandre, comment ne craignez-vous l’ire de Teutates, ayant la hardiesse de vous addresser à une personne qui luy est consacrée ? – Ignorant, respondit Hylas, les dieux ne nous deffendent pas de les aymer eux-mesmes, et comment seroient-ils courroussez si nous aymons ce qui est à eux ? – Voyez-vous, dit Alexis, ce berger a quelque mauvais dessein contre vous, il vous veut esloigner de moy par artifice, car il sçait bien que si je veux, je ne continueray pas la profession que j’ay prise.

Ces bergers parloient de ceste sorte, cependant que Adamas entretenoit Phocion, Diamis et Tircis. Et parce qu’il les estimoit beaucoup, fust pour leur aage, fust pour leur vertu, ou pour le dessein qu’il avoit de faire en sorte que Celadon espousast Astrée, il faisoit tout ce qu’il luy estoit possible, pour les garder d’ennuyer. Et d’autant que Tircis estoit estranger, et qu’il n’avoit point veu ce qui estoit de rare en son logis, il luy demanda si ce ne luy seroit point de peine de se