Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/858

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promener, et visiter sa maison. Et ayant sceu qu’il le desiroit infiniment, il le prit par la main, et dit à Paris, qu’il conduisist Hylas, et ces autres bergers, s’ils vouloient en faire de mesme. Alexis estant aydée de Hylas se releva, et s’appuyant sur luy, suivit Adamas, acec le reste de la compagnie.

La maison estoit tres-belle, et ageancée de plusieurs singularitez ; mais parce que le discours en seroit trop long, nous n’en dirons que ce qui servira à nostre propos. Ils entrerent donc dedans une belle gallerie qui avoit la veue de la plaine d’un costé et de l’autre des montagnes qui la limitoient, en sorte qu’elle estoit tres-agreable. Le bas estoit lambrissé, et tous les entre-deux des fenestres estoient remplis des cartes des diverses provinces de la Gaule. Et par dessus estoient posez des pourtaicts de divers princes, roys et empereurs, parmy lesquels on voyoit ceux de plusieurs belles femmes. La voûte estoit toute enrichie d’or, et d’azur, avec maintes devises. Chacun jetta l’oeil sur ce qui luy estoit le plus agreable ; mais Hylas qui n’avoit le cœur qu’à la beauté, tournant les yeux sur un tableau de deux dames : Voilà, dit-il, deux visages bien agreables ; mais lequel jugeroit-on estre le plus beau ? Adamas qui l’ouyt : Celuy-là, dit-il, qui est à main droite est celuy de la belle-mere, et l’autre, de la belle fille, et ont esté deux princesses aussi belles, et aussi sages qu’il en fut jamais, et