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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/870

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Goths, et combien luy et toute l’Europe luy estoient redevables, resolut, voyant qu’il estoit sans enfans, de la marier avec celuy qu’il vouloit associer à l’empire, afin qu’elle fust apres luy maistresse de estats, qu’elle avoit si prudemment et si lon- guement conservez. En ce dessein il jetta l’œil sur l’un des plus grands capitaines de son armée, et duquel la valeur et la sage conduite recogneue de chacun le rendoient veritablement digne de commander. Il s’appeloit Constance, homme qui estoit de race tres-ancienne, et de vertu tres-recommandable. Vous en pouvez voir le pourtraict aupres de celuy de Placidie, dans lequel vous lirez une grandeur d’esprit et de courage, qui n’est pas commune. Et sans mentir, ç’a esté un des plus grands personnages que l’empire ayt eu de long temps auparavant. C’est donc à celuy-cy qu’Honorius donne sa sœur, et en mesme temps l’envoie en Espagne, avec une grande armée contre les Alains, les Suéves, et les Vandales qui l’occupoient presque entierement. Le bon roy Walia sçachant que Constance estoit mary de la sage Placidie, l’assista de toutes ses forces, et luy-mesme le suivit en personne, et cela fut cause qu’à son retour Constance fit donner l’Aquitaine audit Walia, où depuis il vesquit en repos et en bonne intelligence avec les Romains. Ce grand Constance d’abord surmonta les Alains, et tua