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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/876

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des Vandales, Suéves, Alains et Goths voyant ceste longueur, le soupconna, et eut opinion qu’il s’entendoit avec eux. Ce prince estoit timide, et nonchalant pour les choses de la guerre, et qui jamais n’avoit vesti le harnois de sorte qu’il n’en sçavoit rien de veue, mais seulement mesuroit toute chose aux evenemens heureux du grand Theodose, ou de ceux qui souz Constance luy estoient arrivez, si bien qu’entrant en meffiance de Aetius, il le renvoya querir, et mit Castinus en sa place. Ce Castinus estoit l’un des plus grands amis de Aetius et cela fut cause que les affaires de l’empire s’en firent mieux parce qu’il luy donna toutes les meilleures instructions qu’il pût, et luy ouvrit tous ses desseins, et les moyens de les executer. Cependant il s’en retourna à Rome, où il rendit conte a Honorius de son administration. Mais recognoissant que l’empereur estoit entré en soupçon de luy, il se retira en sa maison, comme per­sonne privée, où voyant depuis que ce soupçon au lieu de diminuer s’augmentoit de jour à autre, et que l’on vouloit mesme attenter a sa vie, il fut contraint de se sauver en Pannonie parmy les Huns, et les Gepides. Et ce qui le fit recourre plustost à ceux-cy, qu’à tous autres, fut une tres-prudente consideration ; car s’il se fust retire vers les Francs, Bourguignons, Goths, Visigoths,