Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/879

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interromps, car il faut que je vous die, que si vous parlez de cet Ursace qui tua Maxime, il n’y a personne en ceste trouppe qui en puisse dire plus de particularitez que moy, parce qu’estant aux escholes des Massiliens, de fortune son vaisseau s’eschoua en une coste, où je croy qu’il fust mort et son amy Olimbre, sans le secours que quelques-uns de mes compagnons et moy luy donnasmes, et depuis attendant que son vaisseau se refist, il me raconta des particularitez de sa vie, qu’il seroit bien mal-aise de sçavoir d’autre que de luy.

– C’est de celuy-là mesme ; dit Adamas, de qui je parle, et quand vous aurez entendu ce que je veux dire de la fortune de la sage Placidie, je m’asseure que ceste trouppe sera bien aise d’ouyr ce que vous en sçavez. Mais pour reprendre ce que nous avons laissé, sçachez donc que, cependant qu’ Honorius vivoit de ceste sorte en Italie, Aetius qui estoit en Pannonie, ne demeuroit pas inutile ; au contraire, d’autant qu’une des plus douces pensées de celuy qui est offencé, c’est celle de la vengeance, estant homme comme les autres, et d’autant plus sensible, qu’ il luy sembloit que l’empereur luy faisoit cet outrage plus injustement, il ne put estre exempt du desir de faire repentir Honorius de l’avoir traicté de ceste sorte. Et parce qu’il estoit homme de qui le nom avoit par tout une grande reputation, il persuada aysément