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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/880

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ce qu’il voulut à ces barbares, leur representant com-bien c’estoit chose facile d’entreprendre sur l’Italie, et mesmes avec des intelligences qu’il y avoit ; pour leur en donner plus d’envie, leur racontoit les richesses, et les thresors de l’empereur et des particuliers.

Ces peuples qui ne desiroient rien tant que de changer de demeure, oyant la fertilité et les richesses d’Italie, brusloient de desir d’y entrer, et lors qu’ils s’apprestoient, et que sans doute ils l’eussent inondée d’un nombre infiny, il sembla que Dieu pour ce coup en eust pitié, et destouma cest orage ailleurs par la mort de l’Empereur Honorius, parce que Aetius, qui ne vouloit point de mal à l’Italie, mais à Honorius seulement, oyant les nouvelles de sa mort, changea incontinent de dessein, et fit entendre à ces barbares qu’il estoit necessaire qu’il allast à Rome, pour voir de quelle sorte elle estoit disposée, et quelles forces il y avoit. Eux qui ne s’estoient esmeus qu’ à son rapport, trouverent bon qu’il s’y acheminast avec promesses reciproques, de toutes sortes de secours et d’assistance. II y vint donc, et s’assurant sur l’ami-tie de Castinus, faisoit dessein de se faire empereur ; mais trouvant la faction d’Honorius encore tres-grande, et craignant un grand capitaine nommé Boniface, qui avoit les forces d’Afrique,