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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/881

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mais plus encore le jeune empereur Theodose, il aima mieux faire sonder le gué à un nommé Jean, qui avoit esté premier secretaire d’Honorius, avec lequel il avoit tousjours eu tres-bonne intelligence. II luy fait donc prendre le titre d’empereur, et sous son nom dispose et ordonne toutes choses.

Et certes il fit bien paroistre en cela qu’il estoit prudent, car Theodose n’approuvant point ce Jean, declare Valentinian son cousin germain empereur d’Occident ; et d’autant qu’il sçavoit bien que le meilleur sceptre des empereurs estoit la force des armes, il dresse une puissante armée qu’il envoye en Italie soubs la conduitte de Artabure. C’estoit un capitaine tres experimenté, comme il fit bien paroistre à Castinus ; toutesfois la mer luy fut si contraire que l’orage le jetta contre la coste de Ravenne, où son vaisseau se trouva seul, qui se brisa contre un escueil. Ce fut tout ce qu’il put faire que de gaigner le bord, où il fut incontinent pris par ceux qui gardoient le rivage, et conduit à Jean qui le retint prisonnier à Ravenne. Le reste de l’armée avoit esté escarté en divers lieux, mais Aspar, fils d’Artabure, qui avoit accompagné son pere en ceste expedition, de fortune n’estant pas dans le mesme vaisseau, lors que l’orage fut cessé, et qu’il sceut la fortune de son pere, ramassa tout ce qu’il put de I’armée et,