Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/888

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Vandales en sortirent, ils y entrerent et s’y establirent ; celuy des Anglois, en la grande Bretagne, d’autant que Galvion ayant esté r’appelé par l’empereur, pour l’envoyer en Afrique, les Pictes tourmenterent de telle sorte ce royaume, que les Bretons furent contraincts d’appeller à leurs secours les seigneurs Anglois, qui depuis s’en sont rendus les maistres ; celuy aussi des Francs, qui soubs Clodion avoient franchy le Rhin, et qui bien tost apres soubs Merovée, s’establirent où ils sont maintenant. Voilà, sages bergers, comme le Ciel, quand il luy plaist, change les regnes, et les dominations.

Or la sage et prudente Placidie, qui se sentoit desjà surchargée d’un grand aage, et qui avoit esprouvé tant de grandes et diverses fortunes, voyant bien que desormais elle ne pourroit supporter le faix des grandes affaires qu’elle prevoyoit devoir arriver sur les bras de Valentinian ; desira infiniment de le voir marié, comme des long-temps elle, avoit resolu, avec la fille de son nepveu Theodose, qui avoit tousjours eu ceste mesme intention, et fit en sorte que Valentinian s’en alla en Constantinople, où les nopces furent faictes au grand contentement de Theodose et de Placidie. De Theodose : parce qu’il voyoit sa fille imperatrice, qui estoit ce qu’il avoit le plus desiré. Et de Placidie : d’autant qu’elle eut opinion que ceste