Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/889

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alliance assureroit davantage son fils contre tous ses ennemis, et obligeroit Theodose de luy donner secours en toutes occasions qui se presenteroient, comme elle veid avant que son fils revint de Constantinople, parce qu’ avec sa fille Eudoxe, il envoya aussi une grande armée pour servir Valentinian en tout ce qu’il auroit affaire.

Voilà, sages bergers, la vie que vous avez desiré d’entendre, qui à la verité est si pleine de divers accidents, qu’il se peut dire que Placidie de son temps a esté la butte de la bonne et mauvaise fortune. Car si elle a esté fille, sœur, femme, mere et tante d’empereur, elle s’est veue aussi prise par les barbares, et a eu occasion de regretter la mort de la pluspart de ceux qu’elle a le plus aymez. En fin toutesfois nous la pouvons dire heureuse, puis qu’elle est morte en Rome, mere d’un empereur, qui l’aymoit et l’honoroit ainsi qu’il estoit obligé, et de plus regrettée de tout l’empire, pour sa prudence et sa bonté, car elle mourut presque incontinent que son fils fut revenu en Italie avec sa femme.

Adamas finit de cette sorte son discours ; qui fut cause que toute la trouppe admirant la vertu de ceste grande princesse, jetta plus particulierement la veue sur elle, considerant les traits de son visage. Mais Alexis qui se ressouvenoit