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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/913

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dit-elle, la plus importune recepte qui fut jamais. – Mais, madame, luy dit Isidore, vous a-t’elle soulagée ? – II me semble, respondit-elle, que j’y recognois quelque amendement. – Vostre douleur, luy dis-je, se passera bien tost, mais j’en auray tout le mal. – Comment ? me dit-elle, vous aurez mon mal ? – Ouy, madame, luy respondis-je, les conditions de ceste recepte sont telles que celuy qui guerit autnly de ceste sorte, en souffre la douleur. Elle qui ne l’entendoit pas ou pour le moins feignoit de ne l’entendre ainsi que je le disois: Vrayement, Ursace, me dit-elle, je vous suis trop obligée de m’avoir voulu guerir en prenant mon mal. – Madame, luy dis-je, si je pouvois aussi bien rendre mien tout celuy que vous devez jamais avoir, soyez certaine que vous n’en ressentiriez jamais. – Mais, dit Isidore en sousriant, si vous aviez autant de bonne volonté, madame, pour luy qu’il en a pour vous, il faudroit qu’à ceste heure vous luy fissiez la mesme recepte pour le guerir du mal qu’il a pour vous. – J’ayme mieux, respondit Eudoxe, luy estre redevable en cecy, que s’il me l’estoit, et puis ce seroit tousjours à recommencer, car il est trop courtois chevalier pour me laisser avec le mal qu’il me pourroit oster. – II est vray, madame, adjoutay-je, et puis mon mal n’est plus en la levre, il est passé au cœur. Elle entendit bien ce que je voulois dire, quoy qu’elle fist semblant de ne l’avoir point ouy, et sans Isidore