Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/92

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qui te tourmente si fort, au repos où il doit demeurer jusques à ce que tu me viennes trouver. Je me suis esveillée en sursaut, et cela a esté cause que je me suis resolue de passer la riviere, avec esperance de trouver le repos qui m’a esté promis.

Vous devez donc estre certaine, madame, dit-elle, s’adressant à Leonide, que je n’ay garde de desobeir à vos commandemens, puis que ce sont les dieux qui me parleront par vostre bouche. – Cela estant, adjousta Leonide, je vous promets à tous trois que je donneray un jugement aussi equitable que je le voudrois recevoir en semblable et plus grande occasion. Et afin que je ne sois deceue en mon opinion, Paris et ces gentilles bergeres, et Silvandre m’en diront leur advis avant que j’en die quelque chose. Et pource, dit-elle se tournant vers Calidon, dites-nous pour quelles raisons il vous semble que Celidée doive estre vostre, et non pas à Thamire, qui l’a si longuement possedée et eslevée comme sienne. Le berger alors se relevant, apres avoir fait une grande reverence, prit la parole de ceste sorte.

Harangue du berger Calidon