Amour, grand dieu qui par ta puissance m’as ravy toute celle que la raison souloit avoir sur ma volonté, escoute la suplication d’une des plus fidelles ames qui ayt jamais ressenti la puissance que la beauté a par ton moyen sur le cœur des hommes, et m’inspire de sorte les paroles et les raisons, que tu m’as si souvent representées, lors que lassé du mespris de Celidée je me suis voulu retirer de son service. Que ceste grande nymphe, esmue de leur force, ordonne avec toy, que celle à qui tu m’as donné et qui m’a esté donné par celuy qui y avoit l’un des plus grands interests, me soit conserve et maintenue, et contre les mespris de ceste belle, et contre l’authorité et la violence de celuy qui me la veut ravir. J’entens, ô grande nymphe, ceste divinité que j’ay reclamée, qui me promet son assistance, non seulement en guidant ma langue, mais en gravant mes paroles en vos cœurs, avec la pointe de ses meilleurs traits.
Aussi, madame, si ce n’estoit ceste asseurance qu’il me donne, comment oserois-je ouvrir la bouche pour parler contre la personne du monde à qui j’ay le