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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/929

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contentement, afin que, comme vous estes de vostre naissance la plus grande princesse du monde, vous soyez aussi par vostre choix la plus contente princesse qui fut jamais ? Vous dites que je commençay de vous servir avec ceste opinion que Valentinian seroit vostre mary. Ah ! madame, j’advoue que quand, je commençay de me donner à vous, j’eus ceste creance que je le pourrois supporter, mais si depuis mon affection est tellement creue, qu’il m’est impossible d’y penser sans perdre incontinent toute resolution, que pourrez-vous m’opposer que la foiblesse de vostre amitié qui ne s’est point augmentée depuis le premier jour qu’elle prit naissance ? Comment ? ma belle princesse, vous refuserez des faveurs à mon affection, que vous accorderez à une personne qui ne vous ayme point ? Vous consentirez que ces beautez, qui sans plus doivent estre la recompense et la felicité d’une parfaite amour, soient possedées par celuy qui les desdaigne, ou ne les recognoist pas ? Comment souffrirez-vous ses caresses ? Et comment ne regretterez-vous point la peine et le cruel desplaisir de vostre chevalier ?

Isidore qui oyoit une partie de nos discours, et qui desiroit infiniment de nous y favoriser, non pas pour amitié qu’elle me portast, ou pour volonté qu’elle eust de tenir la main à semblables recherches, mais pour l’esperance qu’elle avoit que ceste affection pourroit passer si