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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/937

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le fit mourir par trahison, à fin de demeurer seul roy de toutes ces nations barbares. Quand je fus adverty de l’election de ce nouvel empereur, et que Attila avoit esté repoussé, je pensay qu’il n’y avoit rien qui me contraignist de partir d’Italie; au contraire la guerre qui s’y faisoit de tous costez, me convioit avec Amour d’y demeurer.

Et lors que j’estois en ces considerations, l’empereur fut adverty que ce fleau de Dieu Attila, car c’est ainsi que luy-mesme se nommoit, avoit pris la Gaule pour son premier dessein. Et qu’ayant rendu presque subjects par ses armes, Valamer et Ardaric roy des Ostrogoths et des Gepides, il les avoit contraints de se joindre à ses forces composées des Erules, des Alains, des Turingiens, des Marcomancs, et de quelques Francs qui estoient demeurez de là le Rhin en leurs premieres habitations, lors que, sous le grand Faramond, ce peuple guerrier s’efforça de passer, et d’occuper en Gaule les pays qu’ils tiennent maintenant, et qu’ils commencent, du nom de Franc, d’appeller France.

Aussi tost que ces nouvelles furent asseurées, l’empereur renforça l’armée du patrice Aetius, l’un des meilleurs et des plus grands capitaines Romains et qui avoit la charge des Gaules. Encores que ce me fut une chose bien difficile que de quitter la belle Eudoxe, si falut-il m’en aller. Et lors que je luy en demanday congé: Pourquoy, me dit-elle, mon chevalier,