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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/938

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voulez-vous vous esloigner de moy ? Quel subjet vous en ay-je donné ? Avez-vous si peu d’affection qu’elle vous permette de me laisser ? – Ma belle princesse, luy dis-je, si je ne fay ce voyage où tant de jeunesse de ceste Cour s’en va, quelle opinion aura-t’on de mon courage ? Pourquoy pensera-t’on que je sois demeuré ? et vous-mesme, que jugerez-vous de moy ? Elle alors en sousriant: Or souvenez-vous, me dit-elle, des raisons que vous ne vouliez point recevoir avant mon mariage, et advouez-que ce mesme honneur qui alors me les faisoit proferer, vous les met à cette heure en la bouche, et que ce que je vous en ay dit n’a seulement esté que pour vous rendre preuve, qu’encores que je contrariasse à vos desirs, je ne laissois de vous aimer autant que vous m’aymez à cette heure. Et croyez-le, pour faire autant pour moy, que je fay pour vous, car je ne doute point que vous ne m’aimiez, encore que le devoir ait assez de force pour vous faire esloigner de moy. Et lors, en me baisant: Ressouviens-toy, me dit-elle, mon chevalier, de revenir bien tost, et de m’estre tousjours fidelle. Et ne pouvant demeurer plus long-temps aupres d’elle, je partis, et m’en vins trouver Aetius, et fis tels vers sur ce suject.


Sonnet


Sur un adieu.