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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/940

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luy, ne luy procedoit que de la crainte qui accompagne ordinairement les filles, de ne se pouvoir marier quand on sçait qu’elles ont aimé, il se resolut de la loger. Et apres avoir cherché en sa Cour quelqu’un qui fust propre pour elle, il jugea que Maxime, chevalier Romain, homme de grande authorité, serait fort bon, tant parce qu’il demeuroit le plus souvent à Rome, et qu’il luy seroit plus aisé de la voir, que d’autant qu’il estoit fort ambitieux, et que luy faisant de l’honneur, il l’abuseroit facilement. Maxime qui desiroit de se marier, et qui pretendoit tout son avancement de l’empereur, receut à tres grande faveur l’offre que Valentinian luy en fit faire, outre que ceste dame estant tres belle, et de bonne et illustre race, avoit aussi bonne reputation qu’autre qui fust en la Cour. Isidore d’autre costé n’y contraria pas, parce que Maxime estoit des plus riches de Rome, et avoit esté deux fois consul; et l’imperatrice qui aymoit infiniment ceste dame, fut bien aise de la voir loger dans Rome tant avantageusement. N’y ayant donc rien qui contrariast à ce mariage, il fut incontinent conclu au contentement de chacun.

Mais quand l’Empereur voulut tenter quelques jours apres la volonté de la sage Isidore, il la trouva plus retirée de son amitié qu’auparavant, dont il print un si grand, despit, qu’il resolut de ne se plus arrester aux supplications. Il advint doncques qu’attirant Maxime le