Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/943

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à l’empire, si vous voulez me rendre autant de satisfaction que le merite l’amour que je vous porte. Et en fin la consideration de Maxime ne vous en peut divertir, puis que par la bague qu’il vous a envoyée, il fait bien paroistre qu’il n’y consent pas seulement, mais qu’il le desire. Que sera-ce donc, ma belle Isidore, qui me niera le bien que je desire, puis que toute raison le veut ainsi ?

Et lors, luy mettant la main soubs le menton, la voulut baiser, mais elle tourna doucement la teste à costé, sans le repousser avec trop de violence, parce que voyant l’estat où elle estoit, et que la force ne luy serviroit de rien, elle se resolut de recourre à tous les artifices que la prudence et la ruse luy pourroient mettre en l’esprit. Le repoussant donc doucement de la main, elle le supplia de l’escouter et de se r’asseoir; et luy qui desiroit sur tout de la vaincre par douceur, luy voulut bien complaire à ce coup.

Et lors, elle reprit ainsi la parole: Je ne puis nier, seigneur, que je ne sois infiniment estonnée de me voir seule aupres de vous en ce lieu escarté, et tant contre mon opinion, puis que d’icy depend la ruine de mon honneur, et la fin de ma vie, mais il n’y a rien qui m’empesche d’estre bien fort asseurée que vous ne ferez rien contre vostre devoir, et contre ma volonté, lors que je considere qui vous estes et qui je suis. Car pour ce qui vous concerne, comment redouterois-je d’estre