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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/944

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entre, les mains de ce grand Valentinian, fils de ce genereux empereur Constance, le plus grand, le plus sage et le plus accomply qui ait jamais esté appelé du nom de Cesar ? De ce Valentinian, dis-je, qui a eu pour mere ceste grande et sage Placidie, l’honneur et le miroir des dames, et de qui les sages conseils luy ont esté continuez si longuement, et avec tant de profit de tout l’empire ? Penseriez-vous; seigneur, que j’eusse peur de vous, de qui la sagesse est cogneue de tout le monde, de qui la prudence est admirée de chacun, et de qui la justice n’est redoutée de personne ? Il faudrait que j’eusse peu de cognoissance des perfections de l’emereur, si j’entrois en doute de sa preud’hommie, pour me voir seule avec luy en ce lieu escarté, sçachant bien que sa puissance n’est pas moindre dans le milieu des rues et des plus grandes assemblées, qu’elle sçauroit estre icy, et que les occasions qu’on dict estre meres des meschancetez, ne le sçauroient rendre autre qu’il est, parce que toutes heures et tous endroicts luy sont mesmes occasions, puis que sa puissance est égale en tous lieux et en tous temps. C’est pour les foibles, et les personnes sujettes aux autres, que telles occasions qu’ils nomment commoditez, peuvent estre propres et necessaires, mais nullement pour Cesar, qui peut tout et qui n’a point de borne à sa puissance que sa volonté.

Que si ceste volonté, seigneur, qui limite sans plus vostre puissance,