Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/945

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m’est entierement acquise, ainsi que vous me l’avez tant de fois juré, comment pourray-je craindre qu’elle s’estende plus outre qu’il ne me plaira ? Non, non, je ne dois point estre estonnée de me voir seule entre les mains de l’empereur, n’y estant pas d’avantage à ceste heure que j’y suis ordinairement; mais j’advoue bien que je ne puis assez trouver estrange que je sois venue en ce lieu par le consentement de Maxime, et qu’il ait servy d’instrument pour m’y conduire, et cela m’offence de sorte contre luy, que jamais son respect ne me divertira de consentir à tout ce que vous voudrez de moy, estant sans doute indigne, ayant si peu d’honneur d’avoir Isidore pour sa femme, Isidore, dis-je, qui a tousjours vescu de sorte qu’il n’y a rien qui la puisse faire rougir, sinon d’estre femme d’une personne de si peu de merite que ce deshonoré Maxime, la honte et le vitupere des hommes.

Or, seigneur, je ne veux pas demander que c’est que vous voulez de moy, ny à quelle occasion vous m’avez fait conduire en ce lieu: ce traistre de qui je voy la bague, lesçait assez, et vos discours ne me le font que trop entendre. Mais je vous veux bien supplier tres-humblement d’avoir consideration à ce que je suis, et de vous ressouvenir que c’est qu’une femme qui n’a plus d’honneur, et si vous m’aimez, ne vueillez me rendre tant indigne d’estre aymée de