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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/946

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ce grand Cesar, de qui le nom est honoré par tout le monde. Ressouvenez-vous, seigneur, que vous foulez sous les pieds l’honneur et la vie de celle que vous dictes, que vous aymez, et qu’en mesme temps vous faictes une si grande offence à vostre reputation, que je ne sçay si jamais il vous sera possible de la reparer. Vous dictes qu’en vous rendant ceste satisfaction, vous estes tel que je puis pretendre à l’empire. O dieux ! et comment en jugeriez-vous digne celle qui ne meriteroit pas seulement de vivre apres une si grande faute ? Si vous avez ceste bonne volonté, conservez-moy telle, que sans honte vous me puissiez faire telle que vous dites, si la fortune veut favoriser vos desseins en cecy, comme elle a desja fait paroistre en tant d’autres occasions. Si vos paroles sont veritables, vous m’aimez, et si vous m’aimez, que pouvez-vous desirer d’avantage que d’estre aimé de moy ? Mais comment ? Pensez-vous que je puisse aimer celuy qui me ravit l’honneur que j’ay plus cher que la vie ? Ne precipitez rien, seigneur, vous avez si longuement temporisé. Il y a si long-temps que vous me faictes l’honneur de m’aimer, vous avez esté vostre maistre jusques icy, continuez encore un peu, et croyez que le Ciel ne vous a point fait de si grandes faveurs, sans vous en vouloir donner de plus grandes.

Considerez l’obligation que vous avez à Dieu, qui vous à donné pour pere Constance, estimé, voire presque