Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/949

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promit et jura que jamais il n’userait de force. Mais qu’il la supplioit d’avoir consideration de son amitié, et pour le moins de l’asseurer de n’avoir jamais memoire de ce qu’il avoit voulu faire, et que Maxime et Eudoxe venant à mourir, elle seroit contente de l’espouser. La sage Isidore oyant ces paroles, rassereine son visage, luy jure et promet tout ce qu’il veut, et le supplie de permettre qu’elle s’en aille.

A ce mot Valentinian luy baise la main et avec un grand souspir, appelle Heracle, l’eunuque qui estoit celuy de tous ceux de sa Cour, en qui il se fioit le plus, et le conseil duquel il suivoit presque en tout. Cet eunuque estoit meschant et n’avoit rien d’aymable, sinon qu’il estoit fidelle, au reste le plus avare et le plus grand flatteur qui fut jamais. ç’avoit esté luy qui avoit porté la bague à la sage Isidore et qui l’avoit conduite en ce jardin. Et par ce que l’empereur vouloit que ceste affaire fust la plus secrette qu’il luy seroit possible, il n’avoit pris autre compagnie que celle de cet homme, auquel il avoit commandé de demeurer dans un arriere-cabinet, pour venir vers luy aussi tost qu’il l’appelleroit.

Heracle, à la voix de l’empereur, courut incontinent à luy, pensant qu’Isidore ne voulant de bon gré consentir au desir de Valentinian, il l’appelloit pour luy aider, mais quand il ouyt le commandement qu’il luy faisoit de la r’amener chez elle, et qu’il luy eust