Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/972

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Le mespris qu’il a fait de vous, la mescognoissance de l’obligation en laquelle l’a mis l’empereur vostre pere, le deshonneur qu’il a fait à vostre maison, et bref l’outrage qu’a receu ceste miserable Isidore, à qui vous, avez fait autrefois l’honneur de vouloir du bien, et que vous avez nourrie, vous convient d’octroyer à Ursace la demande qu’il vous a faite. Quel mal vous en peut-il advenir ? Vous ayrnez ce chevalier, il est discret, personne ne le sçaura et vous vous vangerez doucement d’une injure qui, d’autre sorte est irreparable.

L’imperatrice en sousriant nous respondit : Je voy bien que les personnes interessées ne sçauroient estre bons juges, vous me conseillez tous deux de me vanger, en m’offençant d’avantage. Si l’empereur a failly, j’advoue bien que j’en reçois quelque injure, mais d’autant que je ne dispose pas de ses actions, je n’en suis pas coulpable. Or vous voulez que je la devienne, en commettant la mesme faute. – Ma princesse, interrompis-je, il y a bien de la difference, car soyez tres-certaine que vous ne m’oyrez jamais plaindre de la force que vous m’avez faite. – Je crois cela de vostre bonne volonté, respondit-elle, en baissant la teste, et tournant les yeux de mon costé, et toutesfois si yous vouliez veritablement estre mon chevalier, vous le devriez faire, puis que ce nom vous oblige plus à conserver mon honneur que ma vie. – Pour ce coup, respondis-je, madame, je le laisseray