Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/982

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voix aux requestes qui estoient faites pour la descharge et franchise du peuple, sans esgard du bien du prince ny de l’estat. Et pour rendre hay Valentinian de chacun, il le conseilloit secrettement de ne point recompenser les soldats, ny par honneur, ny par bienfaits, et de surcharger de sorte le peuple qu’il n’eust que le moyen de vivre, et non pas d’entreprendre quelque nouvelleté. Et pour mieux parvenir à son dessein il s’estudia d’agrandir tant qu’il luy seroit possibie les amis du grand Ætius, avec lesquels il se rendit si familier qu’ils estoient presque d’ordinaire avec luy.

L’empereur n’entrait point en doute de toutes ces choses, car il sçavoit que Maxime avoit esté d’advis qu’on se deffist de Ætius, outre qu’il y avoit desja si long temps que ce meurtre avoit esté fait, qu’il ne pensoit plus que quelqu’un en eust encore le souvenir. Et quant à ce qui estoit de la violence faicte à la sage Isidore, il croyoit qu’elle n’en avoit rien dit à son mary, puis que depuis tant d’années, il n’en avoit point faict de semblant. Bref, il vivoit si asseuré qu’il avoit mesme approché de sa personne les plus grands amis d’Ætius. Ce qu’ayant de long temps consideré, le vindicatif Maxime, et ne cherchant que les moiens de contenter la sage Isidore, qui sans cesse luy estoit aux oreilles, un jour tirant à part Thrasile, l’un des plus grands amys du grand Ætius, et qui pour lors avoit charge de la garde de l’empereur, il sceut