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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/983

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de telle sorte luy remettre devant les yeux la mer; de son amy, la nonchalance et le peu de courage de Valentinian, qui n’avoit jamais fait la guerre que de son cabinet, et la facilité qu’il y avoit de s’en venger, qu’il le porta aisément à tout ce qu’il voulut. Et non content de la vengeance, et passant plus outre, resolurent d’usurper l’empire et que Maxime y estant parvenu, en feroit si bonne part à Thrasile, qu’il auroit suject de se contenter.

Ceste resolution estant prise, ils ne tarderent guieres de l’executer, car Thrasile en trouva la commodité telle qu’il voulut, estant d’ordinaire pres de la personne de l’emperur. Un jour que, Valentinian estoit à table, et qu’il mangeoit retiré, Thrasile et Maxime le tuerent miserablement, et l’eunuque Heracle aupres de luy, non point tant pour s’estre voulu mettre en deffence, que pour le conseil qu’il avoit donné à l’empereur quand la sage Isidore fut forcée. Ainsi mourut Valentinian apres avoir regné trente ans.

Si j’eusse esté pres de sa personne en ceste occasion, il n’y a point de doute que j’y fusse mort, ou que je l’eusse deffendu ; car encor que ce fut une meschante action que celle qu’il commit contre la sage Isidore, si est-ce que ce n’est point au subject de mettre la main sur son seigneur, et qu’il doit bien essaier par toutes voies, et par bon conseil de le retirer de son vice, mais non pas de l’en chastier et moins encore