d’oster la vie à celuy pour lequel il est obligé de mettre la sienne. J’estois pour lors au sacrifice, avec la belle Eudoxe, où le tumulte fut si grand, qu’elle fut contrainte pour se sauver de la furie du tyran de retirer hors de Rome. Mais il falut bien tost y retourner. Car Maxime ayant commis cet homicide, se souvint bien qu’il ne faut jamais faire une meschanceté à moitié, et pour ce, se trouvant les forces entre les mains par le moyen de Thrasile, et de quelques autres dont il s’estoit acquis l’amitié, et de plus tres-asseuré du consentement du peuple, il se fit incontinentes lire et proclamer empereur ; ce qui fut faict sans que personne s’y opposast pour le trouble en quoy toute la ville estoit.
Isidore fut incontinent advertie, et par son mary et par le bruit commun, de la mort de Valentinian. Mais elle luy portoit tant de haine, qu’elle ne le peust croire mort avant que l’avoir veu. Elle sort donc de son logis, s’en va droit au pallais, et voyant le corps sans teste, se lave les mains de son sang, et receut un si grand contentement de sa mort, que la joye luy dissipant entierement les forces et les esprits, elle tomba morte de l’autre costé. Quant à moy j’estois, comme je vous ay dit, avec la belle Eudoxe, et ne voulus la delaisser en une fortune si estrange. Je l’accompagnay par tout où elle voulut, trop heureux de luy pouvoir faire service, et de luy tesmoigner et mon affection, et ma fidelité.
Vous pourrois-je