Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/993

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depuis quand avez-vous recogneu ce changement en luy ? Est-ce devant que Valentinian soit mort ? Vous m’avez escrit le contraire, et vos lettres en feront foy en terre, et l’ame de la sage Isidore aux Cieux. Est-ce depuis sa mort ? Les promesses que vous m’avez faites (dont vous avez eu si peu de memoire) et celles que vous avez receues de moy (desquelles je me souviendray bien mieux que vous) vous reprocheront que cela n’est pas. Mais ce sera peut-estre depuis l’outrage, que vous m’avez fait, en vous donnant à ce cruel tyran ? S’il est ainsi, ç’a donc esté pour avoir veu que j’aye peu vivre apres avoir receu de vous une si grande offence. Mais de cela vous en devez accuser Olimbre qui m’en a osté les moiens, et qui m’a faict entendre que vous le vouliez et me le commandiez ainsi. Que si la vie qui m’est demeurée, vous a donné ceste creance, je la vous feray perdre aussi tost que je seray en estat de recouvrer un fer pour me le planter a, cœur. Car aussi bien le veux-je punir, cet inconsideré qu’il est, de vous avoir aymée, et d’avoir esperé que vous l’ameriez aussi constamment que luy. Et si vous me voulez rendre quelque preuve, non pas d’amitié (car je n’en espere plus de la femme de Maxime), mais de compassion seulement, (et quelle compassion dois-je attendre de la femme d’un tyran ?) quelque recognoissance donc de n’estre pas entierement ingratte,