Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/717

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il m’emmeneroit où bon luy sembleroit, avec promesse de m’espouser au premier lieu où il pourrait le faire en asseurance, et que cependant nous vivrions comme frere et sœur. Cette delibération prise, Arimant donna ordre de faire les habits, tant pour moy que pour Clarine, et avant que de partir, les luy remit entre les mains, et puis promit sans faillir d’estre, le quinziesme jour apres, en cette mesme ville, et dans le mesme logis où il estoit alors logé, lequel il fit aussi bien recognoistre à Clarine afin qu’elle m’y sceust conduire.

Voyez, Hylas, à quoy la rigueur des meres conduit quelquesfois les enfans qui sont mal-advisez ! Or voicy ce qui en advint. Les quinze jours estans escoulez, et croyant qu’Arimant fust en son logis, comme nous avions resolu ensemble, je ne manquay point à m’y rendre vestue en homme, et Clarine aussi, et si bien desguisées, qu’ayant rencontré au sortir du logis ma mere qui revenoit du temple, elle ne nous recogneut ny l’une ny l’autre. Mais je fus bien estonnée quand je fus au logis, et que je n’y trouvay personne, et plus encores, quand je vis arriver, la nuict, sans avoir point de nouvelles de luy ; ce fut alors que je commencay à me repentir de ma fuite precipitée, et d’avoir esté si hastive à sortir d’aupres de ma mere, sans sçavoir pour le moins si Arimant estoit revenu. Et ce qui me troubla