Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/718

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d’avantage, ce fut qu’incontinent le bruit s’espandit par toute la ville que j’estois perdue, et qu’on me faisoit chercher de tous costez. Me resolvant en fin à tout ce qui m’en pouvoit arriver, et me semblant que la mort remedieroit au pis aller à tous mes inconveniens, je dis à Clarine qu’il falloit sortir par quelque moyen de cette ville, et que je pensois, puis qu’Arimant n’estoit point venu, qu’asseurément il luy estoit arrivé quelque grand empeschement. Et lors que nous estions en la plus grande peine, je vis entrer dans la chambre le jeune homme qui servoit Arimant.

Vous pouvez penser, Hylas, quel contentement j’en eus ! il fut tel que luy jettant les bras au col : Ah ! mon amy, luy dis-je, et où est ton maistre ? – Il est en sa maison, me dit-il, mais si blessé qu’il n’a peu venir. – Et qui l’a traitté de cette sorte ? repliquay-je, toute tremblante. – C’est, respondit-il, une personne à qui il a donné la mort. Et pour ne vous point tenir en peine plus long-temps, sçachez, dit-il, que mon maistre, n’ignorant point le dessein que Clorange avoit sur vous, il l’a fait appeller, il s’est battu avec luy, et l’a tué. Il est vray qu’il n’est point sorty du combat sans deux grandes blesseures qui, encores qu’elles ne soient gueres dangereuses, ne laissent de l’incommoder de sorte, pour estre l’une à la jambe, et l’autre à la cuisse, qu’il luy est impossible de souffrir le cheval ny de marcher. Et