Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/719

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voyant qu’il ne pouvoit estre icy comme il vous avoit promis, il m’a envoyé pour vous servir et vous conduire où il est, m’ayant donné et chevaux et tout ce qui est necessaire. – Mon amy, luy, dis-je, je croyois bien que quelque grande occasion empeschoit ton maistre d’estre icy. Je loue Dieu de ce que luy et moy soyons hors de la peine que Clorange nous pouvoit donner, je voudrais bien qu’il ne luy eust pas cousté si cher. Quand tu voudras, nous nous mettrons en chemin pour aller penser ses blesseures. – Je pense à la verité, me dit-il, que l’on ne sçauroit luy donner un meilleur remede.

Et lors, appellant Clarine, nous commençasmes à consulter ce que nous avions à faire pour eschapper, y ayant apparence qu’il y auroit de grandes gardes aux portes, et apres avoir longuement debatu, nous, conclusmes qu’il falloit que le jeune homme allast au palais de Rithimer pour ouyr ce que l’on disoit, et apprendre, s’il estoit possible, de quelle façon l’on faisoit nostre recherche, et que cependant nous nous couperions les cheveux, afin que si de fortune nous estions trouvées, l’on ne nous peust cognoistre que difficilement.

Cette délibération faicte, ce jeune garçon part, et va avec une tres-grande finesse, se meslant parmy les domestiques de Rithimer, où il entend que tous leurs discours n’estoient que de moy. Les uns disoient que je m’en estois fuye, et avec raison,