— Attendez, mes manuscrits, mon Romant de la Pucelle ! … Misère ! où est la table ? mon pupitre ? tout est brisé !
— Voyez dans le tas, là-bas, moi je vais tâcher de sauver quelques manusciits précieux que j’avais mis de côté pour les avoir sous la main en cas d’alerte… mais les retrouverai-je dans ces décombres ?…
— Mon Romant de la Pucelle, mille millions de têtes de jacobin !… hurla Picolet effaré, empoignant les livres écroulés par brassées.
— Aux manuscrits ! cria dom Poirier, et vite, j’entends ronfler les flammes…
… Quand on put pénétrer dans la cour où flambaient les bâtiments,
ou le vieux réfectoire, splendide
pendant de la Sainte-Chapelle
du Palais, semblait
une fournaise d’enfer
sur laquelle des fragments
de son magnifique fenestrage
dessinaient des ogives
noires, des trèfles et des
quatre-feuilles, on trouva
les deux hommes, les cheveux
grillés, le visage noirci,
les habits déchirés, en train
de Transporter par l’escalier
que menaçaient les flammes
des brassées de manuscrits
qu’ils couraient tout simplement
jeter dans une cave,
sous une portion de bâtiment
que l’incendie ne semblait
pas menacer encore.
La lutte s’organisa contre la flamme à qui l’on tentait de faire sa part en pratiquant des coupures dans les grands corps de logis ; une véritable foule envahit l’Abbaye, gens du quartier, sectionnâmes, soldats, gendarmes. Des braves gens, sous la menace des écroulements, travaillaient avec ardeur, pendant que des sauveteurs équivoques se répandaient un peu partout, cherchant quelque chose à sauver — ou à emporter.
Dom Poirier, avec l’aide de quelques gardes nationaux arrivés des premiers, avait pu organiser une espèce de chaîne, lui à la tête dans les salles, et Picolet à la queue dans les caves, et les manuscrits, les cartons de documents précieux passaient de main en main pour aller s’empiler dans leur abri provisoire. Mais bientôt le désordre se mit dans la chaîne, des bousculades s’ensuivirent, les manuscrits furent jetés n’importe ou, mouillés par l’eau des pompes ou emportés par des citoyens sans