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1° Le mode de budget départemental ;

2° La répartition du fonds commun des dépenses ordinaires ;

3° L’instruction aux préfets pour la formation des budgets.

Le modèle, vous l’avez ; j’y ai encore fait quelques changements, que je crois avantageux d’aprés les observations de mes collaborateurs ; et aussitôt l’épreuve revenue de l’imprimerie, le tirage, ordinairement assez long, me parait devoir être autorisé.

La répartition du fonds commun, l’instruction aux préfets, sont à faire.

L’ordonnance royale de l’année dernière est du 8 août ; il n’y a plus que le temps nécessaire.

Suis-je destiné à entreprendre ces travaux ?

J’ai soixante ans, je suis fatigué ; ma main tremble (aujourd’hui surtout).

Entré expéditionnaire à quatorze ans, sous la Convention, j’ai parcouru successivement tous les grades. Depuis trente ans, j’occupe le fauteuil où je suis.

J’ai servi tous les ministres de l’intérieur depuis M. Bezenech, et, toujours en santé, je n’ai pas manqué six fois peut-être à mon bureau en quarante-six ans.

Je suis vierge de demandes ou de sollicitations, tout m’est venu naturellement.

Je me suis bien gardé de vous faire parler de moi. De la confiance par protection ne me va pas du tout.

Toutefois, j’éprouve une singulière émotion. Quelques indiscrétions ont paralysé mes facultés déjà affaiblies par le travail et par l’âge.

Pour reprendre goût au travail, j’ai besoin de tranquillité d’esprit.

Je n’ai jamais eu le projet de rester au ministère passé soixante ans.

Voici quel était mon plan :

La comptabilité n’est pas une attribution difficile, sans doute. Un homme ordinaire y suffit ; mais cet homme doit s’y être formé, il doit toujours être attentif à l’exécution des trop nombreuses exigences des lois, règlements et instructions sur la régularité des dépenses et sur leur justification.

C’est un bon gardien qu’il faut, plutôt qu’un homme d’esprit et qu’un homme de lettres.

Il faut être au fait de toutes les formalités minutieuses qui couvrent la responsabilité ministérielle. Si un ministre en était occupé, ce serait l’indice certain de l’incapacité de son chef de comptabi-