Page:Véron - Mémoires d’un bourgeois de Paris, tome 1.djvu/218

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Mais, monsieur, ce pouvoir suprême,
Ce pouvoir, le plus saint de tous,
De quel droit l’exercerez-vous,
Quand vous l’aurez bravé vous-même !


Fanchon la vielleuse fut l’immense succès du Vaudeville, pendant l’année 1803. Cette pièce fut jouée le 19 janvier.

Geoffroy disait en rendant compte de cette pièce :

« La foule est au Vaudeville : c’est la rareté ; on y voit une vielleuse riche et vestale : c’est la curiosité. Fanchon est presque aussi courue que mademoiselle Georges. »

Un des couplets qui faisaient pâmer le public d’alors, véritable chef-d’œuvre de pathos, était ainsi conçu :


Au milieu du désordre affreux
Que le choc a fait naître,
Cette rose frappe mes yeux ;
Je crois vous reconnaître,
Je veux vous sauver !…
Pour vous préserver
De ce péril extrême,
Je sais vous saisir,
Et j’ai le plaisir
De vous rendre à vous-même.


Mademoiselle Belmont était alors l’actrice à la mode. Elle avait une rare beauté, et ne manquait pas d’un certain talent. Après le succès de Fanchon, elle épousa son camarade Henri ; mais cette union ne fut pas heureuse : les deux époux divorcèrent ; madame Belmont quitta le Vaudeville pour l’Opéra-Comique, où elle devint sociétaire. Liée avec Dupaty, elle affectait des allures de bas-bleu. Lors du baptême de M. le duc de Bordeaux en